La Commission européenne élabore actuellement un projet de règlement sur l’étiquetage des denrées alimentaires. Les produits viticoles seront soumis à ce règlement au même titre que toutes les boissons alcoolisées. Ce texte ré-ouvre le débat sensible de la finalité de l’étiquette du vin.

Des positions inquiétantes

Depuis 2008, la Commission européenne prépare un projet de règlement sur l’étiquetage des denrées alimentaires. Ce projet de règlement doit remplacer la directive 2000/13 actuellement en vigueur. Ce texte exemptait les vins et les autres boissons alcoolisées de l’étiquetage de la liste des ingrédients et de la valeur nutritionnelle (calories…). Mais le projet de règlement en cours d’élaboration prévoit, pour sa part, de maintenir cette exemption pour au moins 5 ans. Durant cette période, un rapport devrait être réalisé pour voir si de telles mesures d’étiquetage sont utiles sur les boissons alcoolisées. De nombreux Etats membres, soutenus par leurs parlementaires européens, vont même plus loin. Ils réclament l’étiquetage immédiat des ingrédients et des calories sur le vin.

La fonction de l’étiquette détournée

Ce dossier révèle le détournement progressif du rôle de l’étiquette. Celle-ci est de plus en plus utilisée comme le support privilégié d’informations sur la politique sanitaire. En plus des obligations communautaires (allergènes…) viennent se superposer des obligations nationales (logo femmes enceintes…). Après la mention des ingrédients ou des calories, quelle sera la prochaine étape ? Le message « Boire est dangereux pour la santé » ? L’étiquette est de plus en plus utilisée comme un outil de prévention dans le cadre des politiques de santé. Les gouvernements ne se dotent pas des moyens nécessaires pour mener une vraie politique éducative sur l’alimentation. Ils se donnent bonne conscience en surchargeant les étiquettes d’informations.

Redonner sa juste place à l’étiquetage

Sur un vin, l’étiquette est avant tout un support commercial et publicitaire. Elle doit créer une envie d’achat. Une belle étiquette est un atout économique pour le produit. L’image qu’elle véhicule est souvent liée aux valeurs que le vigneron veut transmettre dans son produit. Pour ces raisons, il est inconcevable pour les viticulteurs de transformer l’étiquette en vade-mecum sanitaire. Soucieuse et responsable, la filière viticole travaille aujourd’hui au sein de « WINEinMODERATION » à l’élaboration de nouvelles voies d’affichage des informations sanitaires, notamment par le biais d’internet. EFOW incite les pouvoirs publics à s’engager vers une réelle politique de prévention et d’éducation. Mais ces politiques souffrent pour l’heure d’une absence de moyens et de volonté.

EFOW mobilisée

EFOW travaille en étroite collaboration avec les instances européennes puisque nous voulons éviter que le vin perde les exemptions dont il bénéficie, notamment pour l’étiquetage des ingrédients et des calories. Le 16 mars 2010 la commission Environnement (commission rapporteuse du projet) du Parlement européen s’est prononcée en faveur du maintien des exemptions pour le vin. Ce vote sera d’une influence capitale sur le vote final en plénière en juin 2010.

Le rôle de l’étiquette pour les pouvoirs publics