Londres, 25 juin 2012. Les gouvernements n’ont pas réussi à trouver un consensus, la demande portée par les délégations européennes de suspendre l’attribution des « .vin » et « .wine » restera lettre morte. Il n’y a donc plus aucun obstacle à une délégation de ces noms de domaine par l’ICANN et à leur utilisation au mépris des lois nationales, européennes et internationales. EFOW, la Fédération européenne des vins d’origine, se dit déçue mais déterminée. D’autres intérêts ont pris le pas sur ceux des vignerons et des consommateurs. Le boycott généralisé de ces noms de domaine sera organisé. EFOW appelle l’UE et ses Etats membres à mettre en œuvre tous les moyens pour faire respecter la loi sur Internet y compris le blocage des noms de domaine illégaux. Enfin, EFOW annonce qu’elle va engager avec le concours d’autres secteurs, menacés eux-aussi par l’appropriation de noms de domaine générique, des actions pour faire évoluer les règles sur la gouvernance de l’Internet et défendre la diversité culturelle. EFOW estime que la Présidence italienne devra se pencher sur cette question et apporter des réponses rapides et concrètes.
Une forte mobilisation des délégations européennes n’aura pas suffi, les gouvernements représentés au sein du GAC (instance consultative intergouvernementale) n’ont pas réussi à trouver un consensus en faveur d’une suspension de la délégation. L’ICANN pourra ainsi déléguer sans condition les noms de domaine « .vin » et « .wine » et les sociétés candidates vendre aux enchères les noms de domaine de second niveau y compris ceux correspondant aux noms des appellations. Cette incapacité des gouvernements à s’entendre va encourager le développement de phénomènes comme la tromperie du consommateur, le détournement de la notoriété, la contrefaçon et le cybersquatting. Le Président d’EFOW, Riccardo Ricci Curbastro déclare : « Nous déplorons cette situation. Il n’est pas normal qu’un organisme à vocation technique puisse décider que les règles qui s’appliqueront sur Internet seront différentes de celles décidées par des Etats souverains. En décidant que le concept d’indications géographiques (IG) n’était rien d’autre qu’une marchandise et que les noms pouvaient être utilisés par n’importe qui pour vendre n’importe quoi, l’ICANN prend parti dans les négociations internationales en cours. C’est une nouvelle preuve de son absence d’indépendance et un très mauvais signal pour les discussions d’un accord transatlantique entre l’Europe et les USA! ».
Pour autant les vignerons ne sont pas résignés. EFOW confirme qu’elle va se rapprocher des autres organisations viticoles et agricoles en Europe et à travers le monde pour organiser une campagne de boycott généralisé des noms de domaine « .vin » et « .wine ». Elle demande aux Etats membres et à l’Union Européenne d’informer les consommateurs et à bloquer les noms de domaine qui seront en infraction avec les lois nationales et européennes. Surtout, le Président annonce une mobilisation plus générale. « Nous découvrons tous les jours que nous ne sommes pas les seuls qui sommes concernés par l’absence de règles sur Internet. Certains producteurs de café dont le savoir-faire est reconnu à travers le monde et les règles de production encadrées, ont raison de commencer à s’inquiéter sur la protection du nom de leurs produits (« .coffee »). Le « .food » sera un autre nom de domaine sur lequel il faudra être attentif pour les produits agroalimentaires. Citons pour d’autres secteurs l’appropriation de noms génériques comme « .voyage », « .maison » par l’industrie des noms de domaine. Nous appelons tous les secteurs qui se sentent impactés à nous rejoindre et à agir avec nous pour obtenir de nos gouvernements une réforme de la gouvernance de l’Internet qui permette d’assurer le développement du commerce tout en préservant la diversité culturelle et alimentaire et le maintien de conditions de concurrence loyale ».
EFOW demande à la Présidence italienne de se saisir de ce dossier et d’agir rapidement. « l’UE et ses Etats doivent travailler ensemble pour protéger avec fermeté nos appellations misent en danger par la politique menée par une entité privée comme l’ICANN. Internet doit respecter notre patrimoine vivant et l’ICANN ne peut pas s’octroyer le droit de le vendre au plus offrant. Il en va du futur de l’agro-alimentaire de qualité européenne ». ajoute Riccardo Ricci Curbastro.