Destinataires :
Le Commissaire européen à l’agriculture, Monsieur Janusz Wojciechowski
La Présidence du Conseil portugaise, Madame la Ministre de l’agriculture Maria do Céu Antunes
Le rapporteur sur l’Organisation Commune des Marchès, Monsieur le député européen Eric Andrieu
Bruxelles, le 26 janvier 2021
Madame, Messieurs,
EFOW – la Fédération européenne des vins d’origine (www.efow.eu) – vous fait par de sa grande inquiétude concernant le futur du système des autorisations de plantation au-delà de 2030. Nous estimons que le débat de la prolongation est manipulé par des biais purement idéologiques sans fondement réel au regard de la vie économique de nos territoires.
Le Conseil et le Parlement européen ont un mandat fort et clair : Prolonger la durée du dispositif d’encadrement des plantations actuel avec une croissance de 1% par an car il est bénéfique pour le secteur. Il permet un développement progressif du vignoble, seule voie compatible avec le Green Deal.
La Commission européenne qui doit faciliter le débat et l’entente entre les co-législateurs lors des trilogues outrepasse ses prérogatives en proposant à partir de 2031 une croissance de 2% par an du vignoble européen. Cette proposition de compromis ne respecte pas les mandats du Parlement européen et du Conseil. Elle est incompréhensible et irresponsable car elle met sérieusement en péril le futur le développement harmonieux de notre secteur .
Sur le sujet des autorisations de plantation, la seule question est aujourd’hui de tomber d’accord sur la date de prolongation de ce système qui permet au vignoble de croitre en fonction du développement des marchés (2040 – mandat du Conseil vs 2050 – mandat du Parlement européen).
EFOW et ses membres estiment qu’il est fondamental de préserver un instrument qui permet une croissance adaptée et dynamique du vignoble de l’UE et soulignent l’importance de pérenniser le dispositif. Cet outil garantissant une croissance durable du vignoble est un pilier de la politique viticole de l’UE. Le régime d’autorisations contribue à prévenir les crises de surproduction et la baisse de la qualité subséquente. Il participe également au maintien de la diversité des vignobles dans des zones difficiles, permet le développement des exploitations familiales et favorise l’installation de jeunes viticulteurs. Par ailleurs, la réforme en cours a identifié d’importantes solutions pour mieux permettre aux vignobles de croitre à leur juste ambition.
Les droits de rétorsion américains sur de nombreux vins d’appellation européens et la crise du COVID-19 sont des exemples de la manière dont le marché vitivinicole européen, qui était relativement en bonne santé, peut être rapidement déstabilisé. Les Etats membres en collaboration avec les opérateurs ont du prendre de fortes mesures pour assainir les marchés (distillation, stockage privé, vendange en vert etc.) et risquent à nouveau cette année de devoir mettre en place des nouvelles mesures.
La crise du COVID-19 est loin d’être terminée ; les conséquences sur les opérateurs seront durables et il leur faudra de nombreuses années pour revenir au niveau d’avant la crise. De plus, comme le met en évidence la Commission européenne dans son rapport sur les perspectives de marché d’ici 2030, il y a une tendance à une déconsommation de vin continue due aux changements d’habitudes des consommateurs.
Enfin, il nous semble évident que le dispositif d’encadrement des plantations actuel est un outil pour permettre au secteur viticole de mieux répondre au « Green Deal ». Cette croissance définie à 1% a permis aux viticulteurs de rechercher la durabilité sociale, économique et environnementale. Sans cet équilibre et au vue de la situation actuelle du marché, il y aura de sérieux risques de désertification rurale – abandon des zones difficiles et éloignées – et de sur-exploitation – transferts vers des zones à forte production (des pentes aux vallées), entraînant une volatilité des prix, des revenus incertains pour les producteurs et, en conséquence, moins d’investissements ainsi qu’un gaspillage des ressources dû à la surproduction.
La viticulture, en particulier celle d’appellation, a aujourd’hui besoin de certitudes et de stabilité. Augmenter de manière significative le pourcentage de croissance des plantations n’est pas ce que recherchent les viticulteurs en ces temps troublés.
Les mandats prévoient des révisions du système des autorisations. Si nécessaire débattons du pourcentage à cette occasion. Aujourd’hui, nous appellons les co-législateurs à négocier sur la date ultime du système afin de donner aux opérateurs une vision claire sur la manière de planifier et d’investir. L’absence de réponse à cette question clé ne ferait qu’accroître l’incertitude et fragiliser davantage le secteur déjà largement impacté par le COVID-19 et des mesures de rétorsions commerciales.